« Je ferais mes comptes demain » : « Je m’occuperais de mon plan d’actions financier lorsque j’aurais un moment » ; « Le mois prochain, je commence à épargner »… des phrases que vous avez, peut-être, déjà prononcé. La procrastination est l’obstacle qui vous empêche d’avancer et sans doute d’atteindre votre indépendance financière. Si vous cherchez des solutions pour dépasser ce problème, sachez qu’elles existent. L’incentive est un moyen, simple, rapide et efficace de se motiver à agir. Procrastination et incentive, deux termes que vous avez tout intérêt à faire cohabiter.
PROCRASTINATION ET INCENTIVE : LE PROBLÈME ET SA SOLUTION
Savez-vous qu’il existe une méthode très simple à mettre en œuvre pour surmonter la barrière de la procrastination ? Si vous l’appliquez, vous n’aurez plus à vous soucier du travail que vous repoussez sans cesse au lendemain. Cette technique, c’est l’incentive, un terme venu tout droit du marketing.
Alors procrastination et incentive peuvent-ils véritablement se compléter ? L’un représentant le problème et l’autre la solution ? Pour cela, revoyons d’abord ce qu’est la procrastination avant de définir l’incentive. Ensuite nous nous intéresserons aux limites de leur alliance. Enfin, nous verrons les principes pour mettre en place facilement des incentives et dépasser nos propres procrastinations. Petit voyage au cœur des « leviers de motivations »….
Petit retour sur la procrastination
Bien que le sujet de la procrastination a déjà été abordé dans l’article « Procrastination quand tu nous tiens », il est toujours bon de revoir les bases !
Procrastiner, c’est renvoyer une tâche ou une action à réaliser à plus tard car elle va nous coûter un effort sur le moment. Notre esprit va considérer que l’effort à fournir dans l’immédiat sera supérieur aux gains éventuels futurs que nous pourrions obtenir en effectuant la tâche.
Pourquoi lier procrastination et incentive ?
Rassembler procrastination et incentive c’est trouver des solutions pour amener l’esprit à réaliser des actions qui « coûtent » aujourd’hui pour rapporter un gain futur.
En Économie, la solution est très simple : on analyse les choses sous l’angle de « l’homo Economicus » ! Dans ce cadre les agents (en d’autres termes, les personnes) ont des comportements logiques et prennent des décisions rationnelles. Donc si le coût immédiat d’une action est inférieur aux bénéfices ou aux efficiences futures de celle-ci, alors, pour l’homo Economicus la réponse est simple : il fait ce qui doit être fait.
Voilà, le problème de la procrastination est résolu. A bientôt pour un prochain article….
Bon d’accord… Évidemment non !
Parce que nous ne sommes pas des Homo Economicus, bien sûr ! Et nos comportements sont loin d’être rationnels.
En fait, la plupart du temps, nous allons considérer qu’une action, que nous pouvons effectuer maintenant – mais qui va nous coûter quelque chose tout en nous rapportant un bénéfice plus grand dans le futur – aura moins de valeur à nos yeux. Nous repousserons donc son exécution à plus tard… Patatra !!! Voici le retour de notre procrastination.
Ce comportement est lié à notre propre perception du temps et a été étudié par la recherche en Économie. On appelle ce phénomène l’inconsistance dynamique ou l’inconsistance temporelle. Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous conseille l’article Wikipedia (en anglais, cependant) qui détaille cette théorie : Dynamic inconsistency
Mais globalement, on peut la résumer de la façon suivante : plus un coût ou un bénéfice s’éloigne de notre présent et plus la valeur que nous lui accordons diminue.
Comment faire pour contourner le problème ? C’est maintenant que l’incentive peut nous aider.
Oui, mais on à toujours pas expliqué ce qu’est l’incentive ?
Ah oui, c’est vrai ! Jusqu’à ce point, on ne sait toujours pas ce qu’est l’incentive. Alors, voyons ça en deux étapes !
D’abord une traduction…
On peut traduire le terme anglais d’ « incentive » par « motivation ». Mais le plus cohérent serait de l’appeler « levier d’incitation » ou encore « levier de motivation ».
Puis une explication.
L’incentive est une récompense ou bien une punition pour l’accomplissement d’une action ou d’une tâche. Il s’agit donc d’un élément positif ou négatif qui va motiver une personne (ou un groupe) à agir ou effectuer une action particulière.
De ce fait, l’incentive va augmenter la valeur d’une action (qui nous coûte maintenant) en rapprochant le bénéfice potentiel (donc futur) dans le présent. Ou du moins en offrant un bénéfice (pas forcement le même) qui, lui, sera immédiat.
En fait, les incentives se trouvent partout autour de nous. C’est par exemple le « pour l’achat d’un produit, un autre vous est offert », en passant par les bons de réduction, ou encore l’amende pour non respect des limitations de vitesse.
En fait, peu importe la récompense ou la punition, tant qu’elle incite les gens à agir. Vous voyez donc l’intérêt de lier procrastination et incentive.
Oui, mais…
Procrastination et incentive, en fait c’est pas si simple !
De prime abord, il suffirait donc de proposer une « récompense » pour faire accomplir une action et ainsi pallier à la procrastination. Effectivement, théoriquement c’est possible.
Mais un certains nombres de biais peuvent amener des effets nuls ou négatifs. Il va donc falloir tenir compte de :
– La valeur que l’on donne à l’incentive ;
– La récurrence de celui-ci ;
– La « triche » autour de l’incentive.
La valeur d’un levier de motivation
La valeur que l’on donne à l’incentive (en tout cas pour celui qui le reçoit), va, en effet, avoir un impact sur le résultat.
Par exemple, pour un adulte, un incentive de 100 € pour réaliser une action aura plus de valeur, et sera donc plus efficace, que proposer des bonbons. Oui, mais pour un enfant… ?
Le choix du « bon » incentive est donc essentiel puisque c’est de ce choix dont dépendra l’efficacité du levier d’incitation.
La récurrence du levier de motivation dans le duo procrastination et incentive
Lorsque le principe de l’incentive est trop souvent utilisé, ses effets vont peu à peu s’amenuiser. Surtout, si le levier de motivation reste toujours le même. Si vous donnez des bonbons à votre enfant à chaque fois qu’il fait ses devoirs, à la longue, il risque de ne plus voir ça comme une récompense et s’en lassera. Et en plus, il prendra du poids… mais ça c’est une autre histoire.
Effectivement, à trop grande fréquence, nous ne voyons plus de la même façon la valeur de la récompense. Il est donc important de réguler la récurrence du levier de motivation, ou encore de le modifier souvent. Ainsi, nous pourrons continuer à bénéficier du plaisir que la récompense nous procure.
Levier d’incitation, triche et effet pervers
Naturellement, l’esprit va toujours chercher à contourner le principe de l’incentive. Ceci afin de bénéficier des effets sans avoir à subir le coût. C’est un comportement naturel qui vise juste à… économiser de l’énergie.
Ce contournement peut produire deux types de comportement :
– Des tentatives de maximisation.
– Un phénomène de fraude.
La maximisation est, ici, la situation où l’on cherche à obtenir la récompense, le plus souvent possible. En soit rien de grave. Mais on perd de vue l’objectif car ce que l’on recherche alors est uniquement cette récompense.
Par exemple, si vous donnez un biscuit à un chien à chaque fois qu’il s’allonge, il est possible qu’au bout d’un certain temps l’animal s’allongera uniquement pour obtenir son « cadeau ».
Par ailleurs, la fraude est un contournement plus radical du système. Par exemple l’incentive d’une amende (incitation négative) pour les excès de vitesse fait que certains automobilistes limiteront leur vitesse seulement à l’approche des radars. L’objectif est certes atteint mais pas dans « l’esprit » de celui-ci.
En soi, on peut se dire que maximiser ou frauder n’est pas bien grave puisqu’au final l’action est quand même effectuée. Oui, mais s’il s’agit d’utiliser le système de l’incentive pour réaliser vos propres projets ? La rigueur avec laquelle vous effectuez les tâches nécessaires va jouer sur le résultat que vous allez obtenir.
Dans ce cadre, il est donc prépondérant de tenir compte des effets pervers du duo procrastination et incentive afin d’en accroitre l’efficacité.
Procrastination et incentive : la solution PAS miracle mais presque !
Tout en tenant compte de ces effets pervers et de ces biais, il est envisageable d’utiliser l’incentive dans le cadre de problème de procrastination. Enfin… dans certains cas.
En effet, puisque la procrastination consiste en un retardement dans le temps d’une tâche à accomplir, l’incentive servira donc de récompense pour son accomplissement. Mais, ce système ne fonctionne que si l’action à accomplir et son bénéfice sont séparés temporellement.
Par exemple, dans le cadre de votre plan d’action financier, imaginons que vous avez prévu de réaliser des investissements au travers de la bourse. Pour autant les bénéfices financiers que vous allez en retirer ne seront pas immédiatement liés aux tâches à accomplir, à savoir :
– L’ouverture d’un compte-titre.
– Le choix et l’achat de titres boursiers.
De ce fait, les gains financiers se trouvent décalés dans le temps. Du fait de l’accomplissement des actions, vous amenant à repousser ces dernières.
Ici, le système de l’incentive pourra donc être appliqué. Il suffira de s’octroyer une récompense motivante lorsque chacune des actions aura été accomplis.
Comment se créer des leviers de motivation ?
Des principes de bases
Pour fonctionner, l’incentive doit répondre à certains principes.
D’abord, la tâche ou l’action à accomplir pour obtenir la récompense doit être clairement définie. Si cette dernière reste floue, elle risque d’entraîner l’attitude de fraude décrite plus haut.
Par ailleurs, elle doit être bornée temporellement. En d’autres termes elle doit avoir une date limite pour être efficace. Cette limite temporelle peut être soit une date butoir (« Je dois accomplir telle action avant tel date »), soit une durée (« Je dois accomplir cette tâche en tant de temps »).
Dernier point : la récompense doit vous faire plaisir. Cela peut paraître évident mais n’oublions pas que l’incentive est une sorte de carotte au bout d’un bâton. Mais si vous n’aimez pas les carottes….
Un modus operandi à suivre
Afin de mettre en place des leviers de motivation personnalisés et lier efficacement procrastination et incentive, voici un petit tutoriel à suivre étape par étape :
1 ) Définir clairement la tâche ou l’action à accomplir.
2 ) Lui donner une durée ou une date limite.
3 ) Décider de l’incentive qui pourrait vous faire plaisir.
4 ) Utiliser le levier de motivation pour inciter à réaliser l’action.
5 ) Une fois celle-ci accomplie, prendre conscience de l’effort accompli ou de la progression réalisée. Le système de récompense passe aussi par un regard sur ce que l’on fait.
6 ) Accordez-vous la récompense.
Vos incentives nous intéressent !!!
Même s’il répond à des cas particuliers, le système de l’incentive et un moyen efficace de lutter contre sa propre inaction et ainsi gagner en efficacité. Et rien ne vous empêche de le compléter avec d’autres méthodes pour vaincre la procrastination.
D’ailleurs n’hésitez pas à laisser en commentaire les méthodes que vous utilisez pour agir efficacement, ainsi que les incentives que vous vous êtes crées. S’il y en a suffisamment, je ferais un Top 10 des leviers de motivation efficaces. Alors… à vos claviers !